LDV139

4 PLEIN JEU À la dimension religieuse s’ajoute le souci didactique, tant instrumental que d’écriture, dans le recueil inachevé des 45 chorals de l’Orgelbüchlein, partiellement conçu lors du séjour de Weimar vers 1713, auquel appartient Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ BWV 639 (Je crie vers toi, Seigneur Jésus-Christ), en trio. C’est-àdire écrit pour trois plans sonores distincts (deux claviers et pédale) comme Nun komm’ der Heiden Heiland BWV 659 (Viens maintenant Sauveur des païens), qui compte parmi les 18 chorals dits « de Leipzig ». Sa mélodie richement ornée au soprano et sa basse processionnelle en font l’une des supplications les plus profondément sereines et émouvantes de Bach. Pas davantage que toutes ces pages, les préludes, toccatas et fugues, ne peuvent être précisément datées. Elles semblent cependant relever de la période de jeunesse. A commencer par la célèbre Toccata et fugue en Ré mineur BWV 565, dont la paternité a parfois été contestée. Sa fulgurante vitalité trahit l’influence des virtuoses du nord et en particulier de Dietrich Buxtehude, à qui Johann Sebastian rend visite à Lübeck en 1705. Autre grand diptyque de bravoure, le Prélude et fugue en Ré Majeur BWV 532 procède également de cette esthétique du contraste, avec son prélude tripartite dont les deux épisodes extrêmes de toccata encadrent un alla breve d’une densité d’écriture toute « archaïque ». L’immense fugue de 137 mesures est pour sa part générée par un motif de nature rythmique et ludique, dont le caractère motorique produit une virtuosité intrinsèque.

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