9 JEAN-PHILIPPE COLLARD N’y a-t-il pas une forme de frustration par rapport au potentiel sonore de l’orgue ? Non, parce que le spectre sonore final conçu par Busoni, grâce à une technique demandant une large main, nous entraîne dans un autre monde. Ça fonctionne très bien. J’ai la chance d’avoir une grande main, et tous les doigts sont tellement occupés que ça sonne comme dans une église ! Le plaisir sonore, le ressenti, sont vraiment très forts. Busoni a visé juste et on ne pense jamais que ce serait mieux à l’orgue. Il ne dénature rien. Il ne va pas chercher non plus l’imitation. Ces pages sont devenues pour moi des œuvres pour piano à part entière. C’est ce qui m’a impressionné. Ma surprise a été que ça puisse atteindre cette dimension. Je pensais aboutir à quelque chose d’un peu périphérique alors qu’il y a vraiment quelque chose qui colle entièrement au piano. Il s’est emparé des œuvres dans leur entièreté, il a cultivé leur identité profonde et, hormis les problèmes techniques, je dirais que ça sonne tout seul, d’une manière fabuleuse.
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