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7 JEAN-PHILIPPE COLLARD Qu’est-ce qui a guidé ce choix de transcriptions d’œuvres d’orgue, plutôt que de certaines pages plus habituellement pianistiques ? C’est indissociable des souvenirs de ma jeunesse, quand mon père qui jouait l’orgue à l’église, et qui dirigeait aussi, venait me tirer du lit le dimanche matin pour jouer la basse d’une sonate en trio. On jouait ça tous les deux. Il était passionné par les mélanges de couleurs et ça m’intéressait beaucoup parce que je jouais du piano et j’écoutais la manière dont il faisait chanter des voix solos. Il improvisait aussi et j’avais une profonde admiration. C’était juste quelques notes mais il y avait là une véritable relation au divin, c’est certain. Le retour sur mon histoire familiale a eu une importance considérable. C’est l’hommage à mon père, c’est ma culture. Comment aviez-vous déjà approché Bach au piano ? Je n’étais pas vraiment séduit par Bach au piano jusqu’à maintenant. J’avais plutôt l’orgue dans l’oreille avec une acoustique d’église favorable à l’expression de cette musique. Je n’étais pas non plus passionné par les questions d’esthétique et de style. J’avais travaillé quelques préludes et fugues au conservatoire, plutôt pour la discipline qu’autre chose. Mais il y avait un cadre. Certaines fugues du premier cahier par exemple m’avaient fait du bien, pour discipliner l’oreille et les doigts. J’étudiais à l’époque avec Mme Van Barentzen qui tenait beaucoup à ce que l’on mette Bach en place. Elle disait que l’écoute des voix équilibrait notre jeu. De ça j’ai un bon souvenir.

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