11 JEAN-BAPTISTE FONLUPT Il me semble qu’elles donnent une sorte de grandeur à ces pièces courtes que sont les Préludes. Qu’en pensez-vous ? Tableaux sonores, ces Préludes ne sont pas des miniatures. Dans leur concentration, ils portent en eux quelque chose de plus vaste. Les cloches participent de cette sensation. Lorsqu’on regarde un tableau représentant un paysage, on perçoit souvent trois dimensions : l’espace, la ligne d’horizon et un élément vertical, comme un arbre ou une église qui se dresse dans le ciel. Quand on écoute un Prélude de Rachmaninov, on a l’impression d’être dans un espace défini, dans un paysage. Cette musique ne tient pas du discours. Paradoxalement, les Études-tableaux me semblent davantage dans le discours ou les états d’âme. Dans chaque Prélude le compositeur s’est attaché à ne pas se disperser, à ne pas partir ailleurs. Les premières mesures désignent le Prélude jusqu’à son terme. Il est dépourvu d’introduction. On y rentre de plain-pied et on reste là où l’on est. Il ne nous emmène jamais ailleurs. Lorsqu’on en sort, c’est pour changer d’endroit avec le Prélude qui suit. Chaque Prélude est cela, un paysage unique.
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