8 RACHMANINOV | PRÉLUDES Rachmaninov compose d’abord le fameux Prélude en Do dièse mineur op.3 n°2, puis les dix de l’opus 23, et viendront les treize de l’opus 32. Vingt-quatre en tout, un nombre emblématique ! Ils seront rassemblés en un seul recueil par leur éditeur original. A-t-il été influencé par Chopin, et forment-ils un cycle ? Il avait une grande admiration pour Chopin. Il est impossible à cette époque de ne pas être influencé par Chopin et Liszt. Ses Variations sur un thème de Chopin, celui de son vingtième Prélude, précèdent immédiatement son opus 23. Elles sont un hommage. Mais contrairement à Scriabine, son écriture s’est affranchie très tôt de l’influence du compositeur polonais. Son langage, ses sources d’inspiration sont d’emblée très personnels. Il introduit dans sa musique imprégnée de l’âme slave un grand nombre d’éléments, comme la nature, la musique traditionnelle, les chœurs orthodoxes très anciens, les cloches… On ne trouve presque pas cela chez Chopin, ni de références à la peinture ou à la poésie. Conçus dès le départ comme un cycle, les Préludes de Chopin sont inséparables. Ceux de Rachmaninov, plus développés, peuvent être joués isolément. Ils ont chacun leur individualité. Cependant, je vois entre eux des regroupements naturels. Dans l’opus 23, les quatre premiers forment un ensemble, puis le cinquième et le sixième une paire, et enfin viennent les suivants que l’on peut enchaîner. Je trouve des regroupements similaires dans l’opus 32. Cela se traduit dans cet enregistrement par des respirations délibérément plus longues entre ces groupes.
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