11 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Nous voici en Italie, en Sicile avec la Tarentelle. Szymanowski a-t-il pensé à celle de Chopin ? Clément Lefebvre : Il connaissait bien sûr celle de son compatriote dont il admirait la musique, mais ne s’en est pas servi comme modèle. Il y a du cynisme dans celle de Chopin : la mort y danse et sévit avec le sourire ! La sienne est beaucoup plus stridente. La partie de piano y est de toute évidence pensée de façon orchestrale. La difficulté pour moi a été d’avoir à oublier le piano, d’accepter de m’emparer d’éléments à la limite du jouable en pensant orchestre. Le meilleur ami de Szymanowski Grzegorz Fitelberg (1879-1953) l’a d’ailleurs orchestrée. L’écriture est aboutie, mais on sent que le piano est une étape intermédiaire vers la grande formation. Eva Zavaro : La tarentelle a souvent été une source d’inspiration pour les pièces de virtuosité. Je pense notamment au Scherzo-Tarentelle de Henryk Wieniawski (1853-1880), à l’Introduction et Tarentelle de Pablo de Sarasate (1844-1908)… Celle de Szymanowski est vertigineuse, d’une mobilité extrême, une danse grisante et diabolique.
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