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FAURÉ SZYMANOWSKI EVA ZAVARO CLÉMENT LEFEBVRE NOTTURNO

Notturno Fauré · Szymanowski Eva Zavaro, violon Clément Lefebvre, piano

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Karol Szymanowski (1882-1937) Sonate pour violon et piano en Ré mineur, op.9 19'58 Violin Sonata in D minor op.9 Allegro moderato – Patetico 8'43 Andantino e tranquillo dolce (quasi cadenza) 6'13 Finale : Allegro molto quasi presto 5'02 Gabriel Fauré (1845-1924) Berceuse, op.16 3'39 Sonate pour violon et piano n°2 en Mi mineur, op.108 23'21 Violin Sonata no.2 in E minor op.108 Allegro non troppo 9'13 Andante 7'28 Finale : Allegro non troppo 6'40 Karol Szymanowski La Berceuse d'Aïtacho Enia, op.52 4'07 Notturno e Tarantella, op.28 10'07 Notturno 4’57 Tarantella 5’10 Gabriel Fauré Après un rêve, op.7 n°1 2'49 TT: 64'01 1

Une génération les sépare, cependant ils sont contemporains. Leurs musiques, quoique singulières, sont dans l’air du temps. À la charnière du vingtième siècle, les derniers effluves romantiques partent en effilochées jusqu’à laisser entière place, dans leurs compositions, si ce n’est à une forme de modernité qui leur est propre, à leurs styles authentiques. Gabriel Fauré et Karol Szymanowski se sont-ils rencontrés ? Si rien n’est avéré, Eva Zavaro les invite ici à converser ensemble, mettant en miroir leurs œuvres pour violon et piano. Avec Clément Lefebvre, elle en dévoile les prodiges, sous le signe de la nuit.

3 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Eva, vous réunissez dans ce disque Gabriel Fauré et Karol Szymanowski : comment a germé cette idée ? Eva Zavaro : J’étais en Pologne chez ma grand-mère, lorsque j’ai déchiffré pour la première fois la Deuxième Sonate de Fauré. Elle m’a d’abord laissée perplexe. De nombreux éléments de son écriture m’échappaient. Cela m’a incitée à aller plus loin, j’ai aimé approfondir cette découverte. Elle n’a dès lors plus quitté mon esprit. Lorsque j’ai pensé à mon premier disque, j’ai voulu qu’il soit à l’image de ma double identité française et polonaise. Rapprocher Fauré et Szymanowski est venu d’une révélation poétique. J’ai perçu chez ces deux compositeurs une sensibilité commune, un lien qui se noue autour du thème de la nuit.

4 NOTTURNO Ravel et Szymanowski se sont rencontrés à de multiples occasions. Qu’en est-il de Fauré et de Szymanowski ? Eva Zavaro : Je n’ai trouvé aucun témoignage d’une rencontre, mais il semble évident qu’ils se connaissaient de réputation et il est permis d’imaginer qu’ils se soient croisés. Dans les années vingt, Szymanowski commençait à être connu à Paris, et la Société Musicale Indépendante créée pour promouvoir la musique française, présidée par Fauré, programmait également sa musique. Ces deux compositeurs aux identités singulières partagent des points communs. Leurs formations respectives les ont conduits à une solide étude des styles anciens et du contrepoint : l’École Niedermeyer pour Fauré, l’apprentissage auprès de Zygmunt Noskowski au Conservatoire de Varsovie pour Szymanowski. Ils s’en sont ensuite affranchis pour créer leur style personnel, empruntant des trajectoires parallèles, authentiques, profondément enracinées dans l’imaginaire, la poésie, tout en gardant un attachement fort à la forme classique et à la tonalité. On retrouve chez l’un comme chez l’autre les mêmes sujets d’inspiration. Ils ont en outre écrit leurs premiers opus pour la voix, puis ont composé des mélodies tout au long de leur vie. Leur expression musicale porte cette empreinte lyrique.

5 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Clément, Eva a choisi de réaliser cet album avec vous. Comment avez-vous accueilli sa proposition ? Clément Lefebvre : J’ai immédiatement adhéré ! Elle a choisi deux compositeurs que j’aime énormément et dont j’ai pourtant très peu joué les œuvres. J’ai longtemps eu ce rapport étrange à la musique de Fauré : je l’aimais, mais je n’osais pas y toucher. J’y suis arrivé tardivement avec les jeunes opus de sa musique de chambre. Eva et moi avons beaucoup joué ensemble son Quatuor avec piano op.15. Nous nous sommes découvert des affinités musicales dans notre façon de rechercher la couleur, de parler à travers le son. J’ai ressenti un attrait pour sa Deuxième Sonate, beaucoup moins fréquentée que la Première. Quant à Szymanowski, encore trop rarement joué en France, l’envie de me plonger dans sa musique est venue en écoutant certains de mes amis pianistes. Lorsque Eva m’a exposé son projet de réunir ces deux figures autour du thème de la nuit, cette approche sensorielle a été pour moi très convaincante.

6 NOTTURNO Les Berceuses, Nocturne et Tarentelle, Après un rêve ont par nature ce rapport à la nuit. Mais comment, Eva, le concevez-vous dans les sonates ? Eva Zavaro : Il découle d’une lecture personnelle. J’y entends diverses évocations nocturnes : épique, dansante, mystérieuse, introspective, quasi philosophique. Szymanowski a écrit sa Sonate à vingt-deux ans, dans la fougue d’une jeunesse imprégnée de poésie mystique, celle de Tadeusz Miciński (1873-1918) notamment. Il était dans une quête de transcendance perceptible dans cette sonate encore très romantique. Je m’imagine une nuit d’insomnie, de tourment passionné pour le premier mouvement. Le deuxième installe d’abord le calme d’un ciel constellé, toile de fond à laquelle il revient après une culmination lyrique et exaltée, digne d’une nuit d’amour. Le troisième est une cavalcade éperdue au rythme de tarentelle qui annonce d’ailleurs celle du diptyque Nocturne et Tarentelle. Par contraste, chez Fauré, la nuit est intérieure, plus intime. La surdité qui l’affecte au moment de la composition de sa Deuxième Sonate en 1916, m’évoque une opacité sonore, une « nuit acoustique ». Tout ne s’y révèle pas au premier abord, laissant l’impression de tâtonner en avançant dans l’obscurité. Cette musique suscite le besoin de la réécouter, de s’y acclimater. C’est alors seulement que le miracle se produit. Le déroutant devient évidence. À l’obscurité succède la clarté, et on finit par désirer ces errances comme on convoite un trésor.

7 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Eva, pourquoi n’avoir pas choisi sa Première Sonate, afin de mettre en miroir deux de leurs grandes œuvres de jeunesse ? Eva Zavaro : J’ai voulu mettre en exergue les évolutions stylistiques des deux compositeurs au fil de leurs vies créatrices en proposant la découverte d’œuvres rarement entendues de la jeunesse et de la maturité. Elles présentent des facettes de leurs styles respectifs que l’on connaît moins. Clément, comment avez-vous abordé les différences stylistiques creusées par le temps entre une sonate de jeunesse, celle de Szymanowski, et une sonate écrite au soir d’une vie, celle de Fauré ? Clément Lefebvre : Il y a des particularités que le jeu pianistique doit prendre en compte : la Sonate de Szymanowski a ce souffle, cette éclatante immédiateté qui permet d’avoir un rapport intuitif et spontané à cette œuvre. Elle a des carrures claires, le violon est brillant, l’écriture pianistique très dense et orchestrale. On y décèle des influences germaniques, celles de Brahms et de Richard Strauss. L’approche de la Deuxième Sonate de Fauré se situe à l’opposé. C’est une œuvre qui résiste et n’autorise ni la complaisance ni le confort de jeu pour l’interprète, ni même celui de l’écoute. Nous sommes très loin de l’image salonnarde dont on affuble trop facilement sa musique qui n’est pas d’eau tiède.

8 NOTTURNO Fauré achève cette sonate à l’âge de soixante-douze ans. Il traverse alors une période éprouvante, affecté par le contexte de la guerre, des problèmes de santé, la perte d’êtres chers, sa surdité aggravée… Cette œuvre en porte-t-elle les marques ? Clément Lefebvre : Elle possède une dimension tragique et il s’en dégage à certains moments une forme de violence. Elle commence dans un climat sombre, agitée de rythmes saccadés donnant une sensation de lutte, mais suivis d’un lyrisme exalté assez charnel qui entre en contraste, s’exprimant dans un mouvement ascensionnel. Eva Zavaro : « Une ascension magnifique vers des sommets de joie » comme l’écrit Charles Koechlin ! Fauré nous fait passer par des tunnels de modulations, de marches harmoniques, de canons alambiqués, et soudain on arrive au sommet de la montagne, la musique culmine et on s’envole ! Vient au bout de cette montée exaltante cette libération que l’on a méritée. Nous avons cherché à marquer cet élan. Passer du sombre à la lumière dans cette sonate est une transformation particulièrement difficile à réaliser. Surtout à la conclusion du Finale où elle s’accélère dans un formidable envol. Clément Lefebvre : Le procédé du canon évoqué par Eva, souvent utilisé par Fauré, offre une liberté de ton personnelle, ce sentiment de pouvoir jouer à deux tout en gardant l’intensité de notre propre expression. Il génère ici la sensation d’un rêve obsédant lors d’une nuit fiévreuse : nous cherchons à saisir un objet et au moment où il semble à notre portée, il se déplace et nous échappe. Si le retour du thème initial de la sonate revient à la fin comme un souvenir heureux, persiste une once de tension créée par ce canon absolu, jusqu’au-boutiste.

9 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE L’atmosphère se détend-elle dans l’Andante qui suit ? Clément Lefebvre : À l’intérieur de cet Andante, on finit par ne plus savoir où le flux musical prend sa source, ni où il s’achève, il y a une dilution des phrases. Chaque harmonie est une surprise et ouvre toutes les perspectives possibles aux suivantes. Cette musique n’est jamais conclusive. On n’y trouve aucune sensation de repos. Le chant du violon semble infini, se déploie sur une grande étendue mystérieuse. Il faut aller à la rencontre de ce mouvement, apprivoiser ses étrangetés, entrer dans son atmosphère quasi religieuse. Quand il se termine, le sentiment de paix advient rétrospectivement. On le perçoit alors dans sa globalité. Il nous a fait traverser des épisodes de tendresse, de recueillement. C’est un cheminement, une errance dépourvue d’inquiétude, après le tumulte de l’Allegro initial. Le thème de son finale serait issu de la mélodie « L’hiver a cessé », de son cycle de mélodies La Bonne Chanson. Eva, n’y a-t-il pas là un message ? Eva Zavaro : Probablement, dans la mesure où, au crépuscule de sa vie, Fauré est resté un homme très jeune de caractère. Il a conservé jusqu’à sa disparition cette jouissance de la vie, cette verdeur d’esprit, mâtinée de sérénité. Il y a en effet quelque chose de bourgeonnant dans ce finale, un renouveau, un regain.

10 NOTTURNO Cette Deuxième Sonate de Fauré est contemporaine à une année près de Nocturne et Tarentelle que Szymanowski compose après Mythes, en 1915. Émile Vuillermoz, un critique contemporain, qualifiait celui-ci de Debussy polonais. Eva, peut-on lui donner raison à l’écoute de cette pièce ? Eva Zavaro : « Notturno », le titre de notre album, a été inspiré par cette pièce que Szymanowski a composée avec son grand complice, le violoniste virtuose Paweł Kochański, à Zarudzie, tout près de la ville de naissance de mon grand-père ! Son premier volet, Nocturne, évoque l’Espagne, ses nuits chaudes au parfum vaguement oriental. Cependant, bien qu’ayant beaucoup voyagé autour de la Méditerranée, il n’est jamais allé dans ce pays ! C’est une musique fantasmée. Il y traduit des ambiances purement imaginaires. Il avait certainement dû entendre Iberia d’Albéniz, et comme beaucoup de compositeurs, il a pris goût à la musique espagnole. Il tourne aussi son regard vers cette nouvelle esthétique qu’est l’impressionnisme français, s’en inspirant dans ses recherches sonores : une évolution stylistique majeure qu’il va développer notamment dans sa Troisième Symphonie « Chant de la nuit ».

11 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Nous voici en Italie, en Sicile avec la Tarentelle. Szymanowski a-t-il pensé à celle de Chopin ? Clément Lefebvre : Il connaissait bien sûr celle de son compatriote dont il admirait la musique, mais ne s’en est pas servi comme modèle. Il y a du cynisme dans celle de Chopin : la mort y danse et sévit avec le sourire ! La sienne est beaucoup plus stridente. La partie de piano y est de toute évidence pensée de façon orchestrale. La difficulté pour moi a été d’avoir à oublier le piano, d’accepter de m’emparer d’éléments à la limite du jouable en pensant orchestre. Le meilleur ami de Szymanowski Grzegorz Fitelberg (1879-1953) l’a d’ailleurs orchestrée. L’écriture est aboutie, mais on sent que le piano est une étape intermédiaire vers la grande formation. Eva Zavaro : La tarentelle a souvent été une source d’inspiration pour les pièces de virtuosité. Je pense notamment au Scherzo-Tarentelle de Henryk Wieniawski (1853-1880), à l’Introduction et Tarentelle de Pablo de Sarasate (1844-1908)… Celle de Szymanowski est vertigineuse, d’une mobilité extrême, une danse grisante et diabolique.

12 NOTTURNO Szymanowski compose La Berceuse d’Aïtacho Enia en 1925. D’où vient ce titre mystérieux ? Eva Zavaro : Il s’agit du nom basque d’une villa de Saint-Jean-de-Luz où Szymanowski séjourne cette année-là. Épuisé par le travail et par sa vie mondaine mouvementée, il part s’y reposer. Pour remercier son hôte, la philanthrope américaine Dorothy Jordan Robinson, il lui offre et lui dédie cette Berceuse. J’ai voulu montrer une facette plus moderniste et plus grinçante de son écriture, en opposition avec la Berceuse de Fauré qui est toute de douceur et de tendresse. Clément Lefebvre : Cette Berceuse diffuse une lueur inquiétante, trouble, presque cauchemardesque. Je ne la choisirais pas pour endormir mes enfants ! Elle n’est nullement apaisante, contrairement aux allégations de son auteur qui la présente comme un « morceau joli, tout de charme et de simplicité ». Son écriture est épurée, décantée. La fin, sorte de choral, apporte la sérénité que l’on n’a pas trouvée auparavant.

13 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Pour conclure, vous cédez à la tentation d’Après un rêve… Eva Zavaro : Au-delà de sa popularité, cette pièce démontre le génie mélodique de Fauré. Au fil de ses glissements harmoniques, c’est tout un espace sonore qui se déploie. Elle possède une intensité expressive propre à son auteur, présente dès ses premières pièces dont l’apparente légèreté, la fausse simplicité dissimulent une grande profondeur. Nous avons voulu ajouter cette madeleine de Proust qui renoue avec ce que l’on connaît le mieux du compositeur. L’éventail d’émotions que recèle cette mélodie est tellement magnifique !

A generation separated them, yet they were contemporaries. Their respective oeuvres, highly personal though they are, were in tune with the times. At the turn of the twentieth century, the last vestiges of Romanticism began to unravel, leaving both men’s compositions, perhaps not yet with their own unique form of modernity, but entirely in their own authentic styles. Did Gabriel Fauré and Karol Szymanowski ever meet? Although there is no documentary evidence they did, Eva Zavaro invites them to converse together here, juxtaposing their works for violin and piano. With Clément Lefebvre, she unveils the marvels they produced, pervaded by the theme of night.

15 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Eva, this CD couples works by Gabriel Fauré and Karol Szymanowski: how did you come up with the idea? Eva Zavaro: I played through Fauré’s Second Sonata for the first time while staying with my grandmother in Poland. Initially, I was perplexed. There were many elements of his style that eluded me. That encouraged me to go further, and I enjoyed exploring this discovery in greater depth. From that moment on, it never left my mind. When I thought about my first recording, I wanted it to reflect my dual French and Polish identity. The idea of programming Fauré and Szymanowski together came from a poetic revelation. I perceived that these two composers possessed a shared sensibility, a bond founded on the theme of night.

16 NOTTURNO Ravel and Szymanowski met on many occasions. What about Fauré and Szymanowski? Eva Zavaro: I haven’t found any evidence of a meeting, but it seems obvious that they knew each other by reputation and it’s quite conceivable that their paths crossed. In the 1920s, Szymanowski was beginning to make a name for himself in Paris, and the Société Musicale Indépendante, created to promote French music under the presidency of Fauré, programmed his works too. These two composers, for all their singular identities, had a number of things in common. Their respective studies gave them a solid grounding in early musical styles and counterpoint: the École Niedermeyer for Fauré, working under Zygmunt Noskowski at the Warsaw Conservatory for Szymanowski. They then broke free of this to create their personal styles, following parallel, authentic paths, deeply rooted in the imagination and in poetry, while retaining a firm attachment to classical form and tonality. One finds the same subjects of inspiration in both men. What’s more, their early published compositions were predominantly for voice, and they continued to write songs throughout their lives. Their musical expression bears this lyrical stamp.

17 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Clément, Eva chose to make this album with you. How did you react to her proposal? Clément Lefebvre: I agreed at once! She had selected two composers whom I adore, but whose works I’ve rarely played. For a long time I had a strange relationship with the music of Fauré: I loved it, but I didn’t dare touch it. I came to him quite late, through his first chamber works. Eva and I have frequently played his Piano Quartet op.15 together. We discovered musical affinities in our search for colour, in our way of speaking through sound. I felt drawn to his Second Sonata, which is much less popular than the First. As for Szymanowski, who is still too rarely performed in France, the desire to immerse myself in his music came from listening to some of my pianist friends. When Eva told me about her project to bring the two men together in a programme focusing on the theme of night, I found this sensorial approach very convincing.

18 NOTTURNO The Berceuses, Notturno e Tarantella, Après un rêve are by their very nature associated with night. But where do you perceive that in the sonatas, Eva? Eva Zavaro: It’s a personal interpretation on my part. I hear a variety of nocturnal evocations: epic, dancelike, mysterious, introspective, almost philosophical. Szymanowski wrote his Violin Sonata at the age of twenty-two, with all the ardour of a youth steeped in mystical poetry, especially the poems of Tadeusz Miciński (1873-1918). His quest for transcendence is perceptible in this still very Romantic sonata. I imagine a sleepless night of passionate torment in the first movement. The second movement begins with the calm of a starry sky, a backdrop to which it returns after a lyrical, exalted culmination that really suggests a night of love. The third is a frenzied gallop in tarantella rhythm that foreshadows the diptych Notturno e Tarantella. By contrast, Fauré’s night is inward, more intimate. The deafness from which he was suffering by the time he composed his Second Sonata in 1916 seems to me to be paralleled by a sonic opacity, an ‘acoustic night’. Not everything is revealed the first time you play or hear the movement; it gives you the impression you’re groping your way through the darkness. This music makes you want to listen to it again, to grow accustomed to it. Only then does the miracle happen. What was disconcerting comes to seem natural. Darkness is followed by clarity, and we end up longing for these wanderings as we long for a treasure.

19 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Eva, why didn’t you choose Fauré’s First Sonata so as to juxtapose two largescale early works, one by each composer? Eva Zavaro: I wanted to underline the stylistic evolutions of the two composers over the course of their creative lives by giving listeners a chance to discover rarely heard works of their youth and maturity. These pieces display less wellknown facets of their respective styles. Clément, how did you approach the stylistic differences, compounded by the passage of time, between a sonata written in the composer’s youth (Szymanowski) and one written in the evening of his life (Fauré)? Clément Lefebvre: There are specific features which the pianist has to take into account in his or her playing. Szymanowski’s Sonata possesses the sort of élan, of radiant immediacy that means one can relate to the work intuitively and spontaneously. It has clear phrase structures, the violin writing is brilliant, and the texture of the piano part is very dense and orchestral. One can detect Germanic influences, such as those of Brahms and Richard Strauss. The approach to Fauré’s Second Sonata lies at the opposite extreme. This is a work that puts up a fight, that gives the performer, and even the listener, no space for complacency and comfort. We’re a long way from the salonnard image with which his music is all too easily saddled – there’s nothing lukewarm about this piece.

20 NOTTURNO Fauré completed this sonata at the age of seventy-two, when he was going through a trying period, affected by the context of the Great War, health problems, the loss of loved ones, his worsening deafness . . . Does the work bear traces of this? Clément Lefebvre: It definitely has a tragic dimension, and there are moments when a form of violence emerges. The sonata begins in a sombre atmosphere, perturbed by jerky rhythms that produce a sense of struggle, but this is followed by the contrast of a rather sensual, exalted lyricism, expressed in an ever-rising movement. Eva Zavaro: ‘A magnificent ascent to the summits of joy’, as Charles Koechlin wrote! Fauré takes us through tunnels of modulations, harmonic progressions, convoluted canons, and suddenly we reach the top of the mountain, the music comes to a climax and we take flight! At the end of this exhilarating climb comes a feeling of hard-earned freedom. We tried to bring out this élan. The shift from darkness to light in this sonata is a particularly difficult transformation to achieve. Especially at the end of the Finale, where it accelerates into a formidable soaring peroration. Clément Lefebvre: The canonic device mentioned by Eva, which Fauré often used, offers the musicians a personal freedom of tone, the feeling of being able to play as a duo while retaining the intensity of our own expression. Here, it generates the sensation of a haunting dream on a feverish night: we reach for an object and just when it seems within our grasp, it moves away and eludes us. Although the sonata’s opening theme returns at the end like a happy memory, there’s still a smidgen of tension created by this severe canon that persists right to the end.

21 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Does the atmosphere relax in the Andante that follows? Clément Lefebvre: In this movement, you end up not knowing where the musical flow starts and where it ends; the phrases are diluted. Each harmony is a surprise and opens up the full range of perspectives for those that will follow. This music is never conclusive. There’s no sense of repose. The violin melody seems infinite, unfolding over a vast, mysterious expanse. We have to go out and meet this movement, master its quirks, get into its quasi-religious atmosphere. When it ends, the feeling of peace appears in retrospect. Then we can perceive the movement as a whole. It has taken us through episodes of tenderness and contemplation. It follows a meandering path, devoid of anxiety, after the tumult of the opening Allegro The theme of the Finale has been said to derive from the mélodie ‘L’hiver a cessé’ (Winter has ended), from his song cycle La Bonne Chanson. Eva, isn’t there a message there? Eva Zavaro: Probably, insofar as, even in his twilight years, Fauré was still very youthful in temperament. Right to the very end, he retained his enjoyment of life, his vitality of spirit, mingled with serenity. This last movement really does suggest something coming into bud, a renewal, a resurgence.

22 NOTTURNO Fauré’s Second Sonata is virtually contemporary (there’s a year’s difference) with Notturno e Tarantella, which Szymanowski composed after Mythes, in 1915. Émile Vuillermoz, a critic of the time, described Szymanowski as the Polish Debussy. Eva, is that judgment confirmed when we listen to this work? Eva Zavaro: ‘Notturno’, the title of our album, was inspired by this work that Szymanowski composed in collaboration with his great friend and associate, the virtuoso violinist Paweł Kochański, in Zarudzie – very close to the town where my grandfather was born! The first of the two movements, Notturno, evokes Spain and its warm nights with a vaguely oriental flavour. However, although he had travelled extensively around the Mediterranean, he had never actually been to Spain! This music reflects a fantasy, conveying purely imaginary atmospheres. He must certainly have heard Albéniz’s Iberia, and like many composers, he developed a taste for Spanish music. He also turned his attention to the new aesthetic of French Impressionism, which became an inspiration in his search for sound worlds: a major stylistic evolution that he would take further, most notably in his Symphony no.3, ‘Song of the Night’.

23 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Now here we are in Italy, in Sicily, with the Tarantella. Did Szymanowski have Chopin’s Tarentelle at the back of his mind? Clément Lefebvre: Of course, he knew this piece by his compatriot, whose music he admired, but he didn’t use it as a model. There’s a touch of cynicism in Chopin’s Tarentelle: Death dances and wreaks havoc with a smile! Szymanowski’s piece is much more strident. The piano part is clearly conceived in orchestral terms. The difficulty for me was to have to forget the piano, to accept the challenge of incorporating elements at the very limit of playability by thinking orchestrally. Indeed, Szymanowski’s best friend Grzegorz Fitelberg (1879-1953) did orchestrate the piece later. The keyboard writing is accomplished, but one senses that the piano is an intermediate step towards larger forces. Eva Zavaro: The tarantella has often served as a source of inspiration for virtuoso pieces. I’m thinking in particular of the Scherzo-Tarentelle of Henryk Wieniawski (1853-80) and the Introduction et Tarentelle of Pablo de Sarasate (1844-1908). Szymanowski’s take on it is vertiginous, extremely fast-moving, an intoxicating, diabolical dance.

24 NOTTURNO Szymanowski composed La Berceuse d’Aïtacho Enia in 1925. What does that mysterious title mean? Eva Zavaro: Aïtacho Enia is the Basque name of a villa in Saint-Jean-de-Luz where Szymanowski stayed that year. Exhausted by work and his hectic social life, he went there to rest. To thank his hostess, the American philanthropist Dorothy Jordan Robinson, he presented her with this lullaby, which is dedicated to her. I wanted to show a more modernist, grittier side to his style, in contrast to Fauré’s Berceuse, which is all sweetness and tenderness. Clément Lefebvre: This lullaby diffuses an unsettling, troubled, almost nightmarish glimmer. I wouldn’t choose it to put my children to sleep! It is in no way soothing, contrary to the claims of its composer, who presented it as a ‘pretty piece, full of charm and simplicity’. The texture is stark, stripped down. The ending, a sort of hymn, brings a serenity that has been absent up to that point.

25 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE To conclude, you yield to the temptation of including Après un rêve . . . Eva Zavaro: Over and above its enormous popularity, this piece demonstrates Fauré’s melodic genius. Its harmonic shifts deploy a whole sound space. It possesses an expressive intensity unique to its composer, present from his earliest works, whose apparent lightness and deceptive simplicity conceal great depth. We wanted to add this Proustian ‘madeleine’ which recalls the most familiar side of its composer. This mélodie offers such a magnificent range of emotions.

夜想曲 エヴァ·ザヴァロ(ヴァイオリン) クレマン·ルフェーヴル(ピアノ)

27 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 カロル·シマノフスキ (1882-1937) ヴァイオリン·ソナタ ニ短調 作品9 19'58 アレグロ·モデラート - パテーティコ 8'43 アンダンティーノ·エ·トランクイロ·ドルチェ(カデンツァのように) 6'13 終曲:アレグロ·モルト·クアジ·プレスト 5'02 ガブリエル·フォーレ (1845-1924) 子守歌 作品16 3'39 ヴァイオリン·ソナタ第2番 ホ短調 作品108 23'21 アレグロ·ノン·トロッポ 9'13 アンダンテ 7'28 終曲:アレグロ·ノン·トロッポ 6'40 カロル·シマノフスキ アイタコ·エニアの子守歌 作品52 4'07 夜想曲とタランテラ 作品28 10'07 夜想曲 4’57 タランテラ 5’10 ガブリエル·フォーレ 夢のあとに 作品7-1 2'49 TT: 64'01

1世代違いのガブリエル·フォーレとカロル·シマノ フスキは、同時代を生きた。2人の作品は、おのおの 極めて独創的でありながら、時流にも乗っていた。 やがて20世紀への転換期に、ロマン主義の最後の 息吹が霧散しはじめると、2人はモダニズムを牽引 する新機軸とは一線を画しつつ、もっぱら独自の作 風を真摯に追求した。フォーレとシマノフスキに面 識はあったのだろうか? それを裏付ける資料は 一切残されていない——本盤においてエヴァ·ザヴ ァロは、2人のヴァイオリンとピアノのための作品を 並置し、彼らの“対話”を促している。ピアノ奏者クレ マン·ルフェーヴルとタッグを組んだザヴァロは、“ 夜”をテーマに、フォーレとシマノフスキの妙なる音 世界への扉を開く。

29 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル 本盤では、ガブリエル·フォーレとカロル·シマノフスキの音楽が並んでいます。このアイデア は、どこからやって来たのですか? エヴァ·ザヴァロ:私がフォーレの《ヴァイオリン·ソナタ第2番》を初めて譜読みしたのは、ち ょうどポーランドの祖母の家に滞在していたときでした。最初は途方に暮れました。フォーレ の書法の多くの要素が解せなかったからです。戸惑いに鼓舞された私は、この作品をより深 く掘り下げていく作業に喜びを見出しました。以来このソナタは、私の心の中に留まり続け たのです。今回デビュー盤の企画にあたり、フランス人でもありポーランド人でもある自分の 二重のアイデンティティを体現するようなアルバムを作りたいと考えました。フォーレとシマ ノフスキを組み合わせるというアイデアは、詩的なひらめきによるものです。2人の作曲家が 共通の感性で結ばれているように感じ、その絆に迫るには“夜”のテーマがふさわしいと思い 至りました。

30 夜想曲 ラヴェルとシマノフスキは幾度も会っていました。フォーレとシマノフスキも面識があった のでしょうか? エヴァ·ザヴァロ:2人の面会を裏付ける資料は一切見つけられませんでした。とはいえ彼ら は、当然、互いの評判を耳にしていたでしょうし、2人が歩んだ道がどこかで交差していても 不思議ではありません。1920年代にシマノフスキの名がパリで広まり始め、フランス音楽の 普及を目的に創設された独立音楽協会(初代総裁はフォーレ)も彼の作品をプログラミン グしていました。フォーレとシマノフスキは、いずれも特異な個性の持ち主ですが、2人には 共通点もあります。彼らは学生時代に、古い時代の様式や対位法の基礎を固めました。フォ ーレはニデルメイエール[古典·宗教]音楽学校で学び、シマノフスキはワルシャワ音楽院で ジグムント·ノスコフスキに師事したからです。のちに2人は、その影響とは距離を置いて独自 な様式を確立することになります——彼らが真摯に歩んだ道は、いずれも豊かな想像世界 と詩的世界に深く根を張っています。いっぽうで彼らは、古典的な形式と調性とに強い愛着 を抱き続けてもいました。2人の作品には、同一のインスピレーションに基づくテーマも見出 されます。さらに、彼らが最初期に出版した作品の大半は声楽曲ですし、2人とも、生涯にわ たり歌曲を手がけました。彼らの音楽表現は、“歌”に通ずる抒情性を強く感じさせます。

31 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル エヴァさんから本盤での共演を提案されたとき、どのように受けとめましたか? クレマン·ルフェーヴル:二つ返事で引き受けました! エヴァが選んだ2人の主役は、私の 大好きな作曲家ですが、それまで、ごくたまにしか彼らの作品を演奏したことはありませんで した。私は長年、フォーレの音楽と不思議な関係を結んでいました——大好きであるにもか かわらず、近づく勇気が持てないでいたのです。私がフォーレの作品を弾き始めたのはかな り遅い時期で、はじめに初期の室内楽曲数曲に取り組みました。エヴァとは《ピアノ四重奏 曲第1番 作品15》で何度も共演してきました。エヴァと私は、音を介して語りかける姿勢や 音色の探求の面で、自分たちの音楽的アプローチが似ていることに気づきました。フォーレの 《ヴァイオリン·ソナタ第2番》は、第1番に比べると演奏される機会が遥かに少ないものの、 私自身は第2番により強く惹かれました。フランスでは、シマノフスキの作品は未だにごくま れにしか演奏されません。彼の音楽に身を浸したいと望むようになったきっかけは、私自身 が聞いたピアニスト仲間たちの演奏です。エヴァから、“夜”をテーマに2人の作曲家を結びつ ける計画を打ち明けられたとき、感覚的なアプローチでありながら極めて説得力のあるプロ ジェクトだと感じました。

32 夜想曲 2つの子守歌、《夜想曲とタランテラ》、《夢のあとに》と夜の関係は火を見るよりも明らか です。ヴァイオリン·ソナタと夜は、どのように結びついているのでしょうか? エヴァ·ザヴァロ:あくまで個人的な解釈ですが、2つのソナタは、さまざまな夜のイメージを 喚起しています——叙事詩や舞曲を彷彿させる、神秘的で、内省的で、哲学的とすら言える ような夜のイメージを……。シマノフスキは20歳のときに《ヴァイオリン·ソナタ ニ短調》を 作曲しました。そこでは、神秘主義的な詩——とりわけタデウシュ·ミチンスキ(1873-1918 )の詩——の世界にどっぷりと浸かった若き作曲家の情熱が渦巻いています。なおも極めて ロマン主義的なこのソナタにおいて、シマノフスキの超越性の探求が手に取るように分かり ます。私が第1楽章で思い浮かべるのは、熱っぽい苦悩に満ちた“眠れぬ夜”です。第2楽章で は、まず穏やかな星月夜が背景に広がります。愛の夜にふさわしい抒情的で高揚感に満ち たクライマックスを経て、再び星月夜がおとずれます。第3楽章の狂おしいギャロップ(駆歩) を支えるタランテラのリズムは、《夜想曲とタランテラ》を予示しています。これとは対照的 に、フォーレの音楽が表現する夜は、内なる世界に属す、より親密な夜です。《ヴァイオリン· ソナタ第2番》を作曲中(1916年)の彼を苦しめていた難聴は、不透明な響き、言うなれば“ 聴覚的な夜”へ通じているように思えます。一度聴取(·演奏)しただけでは全てを把握しき れず、闇の中を手探りで進んでいるような第一印象を与えます。繰り返し聞き、慣れていく必 要のある音楽であり、そうして初めて奇跡が起こります。はじめに当惑を引き起こしたものも のを、自然に受けとめられるようになるのです。私たちは、闇の後に光がおとずれるのを見届 け、ついにはフォーレ特有の音のさすらいを、宝物のように切望するようになります。

33 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル 今回、フォーレのソナタ第1番を選曲して2人の初期の大作を組み合わせることもできた はずです。なぜそうしなかったのですか? エヴァ·ザヴァロ:2人の作曲家が、時とともにどのような様式的変遷を遂げたのかを明らか にしたかったからです。そのためには、ふだん滅多に演奏されない最初期と円熟期の作品を 取り上げる必要がありました。それらの作品を通して、彼らの様式の知られざる側面を紹介 することができます。 本盤に収められたソナタ2作の時間の開きは、シマノフスキの最初期の様式とフォーレの 晩年の様式の隔たりをいっそう際立たせます。これに関して、どのようなアプローチを試み たのでしょうか? クレマン·ルフェーヴル:ピアニストとしては、幾つかの特殊な点を考慮する必要があります。 シマノフスキのソナタには、ある種の勢いや煌(きら)めく即時性があるため、奏者は、作品に 直感的かつ自発的にアプローチすることができます。フレーズの構造は明快で、ヴァイオリン 書法は輝かしく、ピアノ·パートは密度が高い上に管弦楽的です。そこには、ブラームスやリヒ ャルト·シュトラウスら、ドイツの作曲家たちからの影響がうかがえます。フォーレのソナタ第 2番へのアプローチは対極をなしています。それは、いわば“抗う”音楽であり、奏者にも、聞 き手にさえも、愛想や快適さを一切ふり撒きません。フォーレの音楽は、あまりに安易に社 交界やサロンのイメージを押し付けられていますが、ソナタ第2番は、そのような“生あたたか さ”から程遠い作品です。

34 夜想曲 フォーレが第2番を完成させたのは72歳のときです。このころ彼は、世界大戦、自身の健 康状態の悪化、愛する人びとの死、難聴の進行などに対峙し、辛い時期を過ごしていまし た。第2番には、その影響が見受けられますか? クレマン·ルフェーヴル:確かに第2番には悲劇的な側面があり、時おり、ある種の暴力性が 現出することもあります。曲の冒頭の暗い雰囲気は、闘争を想起させるぎこちないリズムによ って掻き乱されます。しかしながら、この絶えず上昇を続ける楽章は、官能的で高揚感に満 ちたリリシズムを導き、冒頭との対比を生み出します。 エヴァ·ザヴァロ:シャルル·ケクランの言葉を借りれば、それは「歓喜の頂(いただき)へと向 かう素晴らしき上昇」です! フォーレは私たちを、転調と和声進行と入り組んだカノンが 続くトンネルの中を通過させます。そして私たちは突如、山頂に至ります。音楽は最高潮に達 し、私たちは飛翔するのです! この興奮に満ちた上昇が終わりに至る瞬間に、私たちは、 ご褒美のように解放感を得ます。今回の録音では、この高揚や躍動を十分に曲から引き出 そうと努めました。ソナタ第2番における闇から光への移行は、演奏者にとって、とりわけ扱 いが難しい変容の一つです。特に終楽章のエンディングでは、その変容が勢いを増し、めく るめく高揚を引き起こします。 クレマン·ルフェーヴル:先ほどエヴァが述べたカノンの手法は、フォーレの常套手段です。カ ノンにおいて私たちは、音色の自由を個々に手にし、それぞれの表現の強度を保ちながら、 デュオとして演奏している実感も得られます。ソナタ第2番のカノンは、熱にうなされる夜に 見る強烈な夢を彷彿させます。何かを掴もうとして、ようやく手が届いた瞬間、それが遠の き、逃げて行ってしまう夢……。ソナタの冒頭主題は、最後に幸福な思い出のように回帰し ますが、あの容赦ないカノンが生み出した緊張の欠片(かけら)は、最後まではびこります。

35 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル その緊張感は〈アンダンテ〉楽章で和らぐのでしょうか? クレマン·ルフェーヴル:〈アンダンテ〉では、音楽の流れがどこで始まり、どこで終わるのか、 分からなくなります。フレーズが溶解しているのです。どのハーモニーも意表をつき、次に続く ハーモニーへ、あらゆる展望をひらきます。この音楽には、決して結論がなく、いかなる休息 の感覚も呼び起こしません。ヴァイオリンが紡ぐ歌は果てしなく聞こえ、広大で神秘的な空 間の中で展開されていきます。奏者は、この楽章に会いに出かけ、その不可解さを手なずけ、 その宗教的とさえ言える雰囲気の中に入り込む必要があります。楽章が終わるとき、平穏な 感覚が存在していたことに気づかされます——その瞬間、ようやく私たちは〈アンダンテ〉の 全体像を掴むのです。この楽章において、私たちは優しさと黙想のエピソードを次々に経て いきます。それは、冒頭の〈アレグロ〉楽章の動揺のあとに続く、不安とは無縁の音のさすらい です。 終楽章の主題は、フォーレ自身の歌曲集『優しい歌』の《冬は終わった》に由来します。これ は何らかのメッセージなのでしょうか? エヴァ·ザヴァロ:そうかもしれませんね。いずれにせよフォーレは、人生の黄昏時にも、実 に若々しい心でいたそうです。彼は、この世を去る瞬間まで人生を謳歌し、清朗で、かくしゃ くたる精神を保っていました。この終楽章も、確かに、何かの芽生え…再生や再起を感じさ せます。

36 夜想曲 フォーレのソナタ第2番(1916-1917)は、シマノフスキが《神話》の直後に作曲した《夜 想曲とタランテラ》(1915)と同時代の作品です。当時の批評家エミール·ヴュイエルモー ズは、シマノフスキを“ポーランドのドビュッシー”と評しました。この言葉は、《夜想曲とタ ランテラ》の特性にも当てはまると思われますか? エヴァ·ザヴァロ:本アルバムのタイトル「夜想曲(ノットゥルノ)」は、《夜想曲とタランテラ》 にちなんでいます。この曲は、[ポーランド南部の]ザルジェ——私の祖父が生まれた町に近 い場所です!——にて、シマノフスキが、友人でヴィルトゥオーゾ·ヴァイオリニストのパウル· コハンスキのそばで作曲した作品です。前半の〈夜想曲〉は、スペイン——かすかにオリエン タルな香りを漂わせる暖かい夜——を想起させます。とはいえシマノフスキは、地中海沿岸 を広く旅していたにもかかわらず、スペインに行ったことはありませんでした! 〈夜想曲〉の 幻想的な音楽は、もっぱら想像世界の雰囲気や気分を喚起しているのです。シマノフスキは アルベニスの《イベリア》を聞いたことがあったに違いありませんし、他の多くの作曲家たち と同様、スペイン音楽に惹かれていました。同時に彼は、新しい美学——フランスの印象主 義——にも目を向け、多分なインスピレーションを授けられました。シマノフスキの音の探求 は、とりわけ《交響曲第3番「夜の歌」》[1916]において、様式的な飛躍を遂げることになり ます。

37 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル いっぽう、後半の〈タランテラ〉の舞台はイタリアのシチリア島ですね。シマノフスキは、ショ パンの《タランテラ》を意識していたのでしょうか? クレマン·ルフェーヴル:シマノフスキは、敬愛する同胞ショパンの《タランテラ》をもちろん知 っていましたが、自作のモデルにはしませんでした。ショパンの《タランテラ》にはシニカルな 面があります。死が笑みを湛えて踊り、のさばるのですから! シマノフスキの〈タランテラ〉 は、よりいっそう“甲高い”音楽です。ピアノ·パートは、明らかに管弦楽的な発想で書かれてい ます。そのため私は今回、ピアノの存在を忘れようと苦心しました。オーケストラを意識しな がら、種々の要素を、ピアノで演奏しうる極限の域で制御しようと試みたのです。じっさい、こ の曲は、シマノフスキの親友グジェゴシュ·フィテルベルク(1879-1953)によってオーケスト ラ用に編曲されています。〈タランテラ〉の鍵盤書法の熟達ぶりは明らかですが、ピアノは、よ り大きな編成へと至るためのステップであるような印象を与えます。 エヴァ·ザヴァロ:タランテラは、しばしば超絶技巧に富んだ楽曲の霊感の源となりました。 その好例が、ヘンリク·ヴィエニャフスキ(1853-1880)の《スケルツォ·タランテラ》と、パブロ· デ·サラサーテ(1844-1908)の《序奏とタランテラ》でしょう。シマノフスキの〈タランテラ〉 は、目もくらむばかりの極端に速い動きで陶酔をもたらす、悪魔的な舞曲です。

38 夜想曲 シマノフスキは、1925年に《アイタコ·エニアの子守歌》を作曲しました。このミステリアス な曲名は何を意味しているのですか? エヴァ·ザヴァロ:シマノフスキが同年に滞在した[フランス·バスク地方の]サン=ジャン=ド =リュズの館の名(バスク語)にちなんでいます。仕事に疲れ、社交生活にも忙殺された彼 は、息を吐(つ)こうと同地へ向かったのです。家主であったアメリカの慈善家ドロシー·ジョ ーダン·ロビンソンに謝意を表するため、シマノフスキは彼女に《子守歌》を献呈しました。私 はこの曲を通して、彼の書法の、より現代的で“耳ざわり”な一面を伝えたいと思いました。そ れは、愛らしさと優しさに溢れるフォーレの《子守歌》とは対照的です。 クレマン·ルフェーヴル:シマノフスキの《子守歌》は、不安げで、不穏で、悪夢にも似た光を放 っています。子どもの寝かしつけには、まるで不向きです! シマノフスキ自身は、この曲を「ど こまでも魅力的で素朴な、愛らしい曲」と紹介しましたが、この言葉とは裏腹に、全く心を和 ませない音楽です……。その書法は剥き出しで、簡素です。賛美歌のようなエンディングが、 初めて清澄な曲調をもたらします。

39 エヴァ・ザヴァロ | クレマン・ルフェーヴル 《夢のあとに》を収録したい衝動には打ち勝てませんでしたね…… エヴァ·ザヴァロ:この曲は、人気が高いだけでなく、フォーレが誇るメロディ·メーカーとして の天賦の才能の証(あかし)でもあります。ハーモニーの移ろいとともに、音響空間全体が広 がっていきます。この曲は、フォーレに特有の強烈な表現を有してもいます。彼の初期作品に 早くも見出されるその表現は、見せかけの優美さと簡明さによって、大いなる深みを隠して います。 私たちは、フォーレの最もよく知られている側面を“プルーストのマドレーヌ”の ように呼び起こす《夢のあとに》を、本盤に加えたいと強く望みました。この歌曲 は、素晴らしく多彩な感情を内包しています!

Eva Zavaro エヴァ・ザヴァロ

42 NOTTURNO « Raconter et émouvoir » Telle est la mission de la Musique pour Eva Zavaro. Née en 1995 au sein d’une famille franco-polonaise, elle est l’une des violonistes les plus brillantes de sa génération. Amoureuse de la musique, elle « joue avec le cœur » (Ivry Gitlis) dans de nombreux pays, en soliste ou chambriste, partageant la scène avec des musiciens renommés. Après ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (avec Roland Daugareil, Suzanne Gessner et Christophe Poiget), elle s'est perfectionnée auprès de Julia Fischer à la Hochschule für Musik de Munich. Elle est nommée dans la catégorie « Révélation Soliste Instrumental » des Victoires de la musique classique 2021. En 2018, elle remporte le Premier Prix du Concours International Johannes Brahms en Autriche ainsi que le Prix Vadim Repin pour la meilleure interprétation de Mozart. Elle s’est vue distinguée du prix Georges Enesco 2016 de la SACEM et du Prix Révélation 2023 de la Fondation Engie.

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