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10 FAURÉ ∙ NOCTURNES Le lyrisme, la nonchalante sensualité, la poésie raffinée des premiers Nocturnes, ou le dépouillement, l’austérité, la profondeur des derniers : où va votre préférence en tant qu’interprète ? Je les aime tous, j’aime surtout les jouer dans leur succession, les considérer comme un cycle. Ils racontent un voyage, le cheminement d’une vie intérieure. Et cependant chacun d’eux est unique. Si je suis particulièrement attaché aux derniers qui n’ont pas la séduction des premiers, les Troisième et Quatrième sont mes madeleines de Proust. Le Quatrième est réconfortant : tout en clair-obscur, il s’en dégage un sentiment de bonheur. Le Cinquième, le préféré du compositeur, est exceptionnel : on l’envisage souvent dans sa suavité, son charme, alors qu’il contient aussi cette déchirante âpreté qui annonce le Treizième. Il a cette étrangeté désarmante, cette poésie fuyante qui caractérisent cet entre-deux typiquement fauréen, et exhale cette troublante sensualité qu’ont aussi les Sixième et Huitième. Son centre très enflammé est le passage le plus virtuose rencontré dans les Nocturnes. Quant au Sixième, il est extraordinaire par la maîtrise et l’originalité de son écriture, par son équilibre.

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