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8 CIOCÂRLIA C’est une sorte de flèche qui fend le ciel. Dans ce sens-là, nous, les alouettes, on a comme une responsabilité envers notre pays, notre chant n’est pas anodin. Je ne vais pas parler de mission pour ne pas paraître prétentieuse, mais regarde, tu vis au Luxembourg, moi en France, et pourtant nous sommes bel est bien ancrées dans la culture roumaine et dans la tradition familiale. Mon père, lorsqu’il était étudiant, pratiquait les danses populaires dans un ensemble semi-professionnel, et c’était plus qu’un passe-temps, il adorait le faire. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a là quelque chose qui, par capillarité ou par génétique, s’est transmis chez moi, tout comme ton amour des mots et de la littérature t’a été transmis par ton père. Quoi qu’il en soit, lorsque j’ai enregistré l’album Ciocârlia, je me suis sentie comme un messager, comme une flèche qui part de la Roumanie vers le reste du monde, pas seulement en tant qu’interprète de la musique de patrimoine, mais aussi de la musique de mon pays, qui n’est toujours pas très connue. De toutes ces régions que tu traverses à vol d’oiseau, quelles sont celles dont tu te sens vraiment proche ? Je suis très attachée aux musiques du Banat et de la Transylvanie. Ce sont aussi celles que je connais le mieux, puisque mes parents sont originaires de ces deux régions. Dès mon plus jeune âge, mon père m’a fait découvrir le folklore du Banat et ma mère, celui de la région de Mureș et de Maramureș. Plusieurs années de suite, à Noël, vers l’âge de douze ans, je suis même allée chanter des colinde à Mădăraș, le village de ma mère, et à Baia Mare. D’ailleurs, certains de ces chants de Noël arrangés par Béla Bartók que je joue maintenant sur le disque, je les ai déjà chantés, enfant.

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