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9 VANESSA WAGNER & WILHEM LATCHOUMIA Cet album, particulièrement coloré, s’ouvre et se referme avec des pages très épurées de Satie. Que symbolisent ces deux pièces ? Vanessa Wagner : Ce sont des clins d’œil à notre programme américain. Nous avons l’habitude de jouer en bis la pièce « Manière de commencement » pour rappeler à quel point Satie a été le précurseur du courant minimaliste et répétitif, lui qui est allé jusqu’à écrire une œuvre, Vexations, destinée à être répétée 840 fois ! C’est un compositeur qui mériterait d’être davantage considéré, un novateur dont la musique était presque en opposition avec son temps. À travers un langage d’une grande simplicité, il traduit un désespoir, une mélancolie qui me touchent profondément. Après la profusion de notes de La Valse et de La Mer, terminer sur la délicate nostalgie d’une gymnopédie, c’est comme clore une histoire ! Wilhem Latchoumia : John Cage, qui a donné la création mondiale de Vexations, au côté de David Tudor, considérait Satie comme l’une des grandes figures du modernisme. Et il nous paraissait pertinent de jouer sa musique à travers le prisme de celui qui, selon Paul Griffiths, a fait entrer justement la musique dans l’ère moderne du début du XXe siècle avec son Prélude à l’après-midi d’un faune. Car c’est la transcription orchestrale réalisée par Debussy de la Première Gymnopédie qui a servi de base à notre propre arrangement pour deux pianos de cette pièce. Faire la transcription d’une transcription, n’est-ce pas un peu bizarre ? Bizarre comme l’était justement Satie ! C’est ainsi une façon, pour nous, de nous rapprocher de son excentricité !

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