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9 DAVID GRIMAL, ITAMAR GOLAN « Ce n’est pas hélas du meilleur Poulenc » disait Francis Poulenc de sa Sonate . Qu’en dites-vous ? David Grimal : Sa remarque témoigne d’une fausse pudeur, d’une coquetterie, ou alors il se trompe, parce qu’il a écrit des choses bien pires (rires) ! Selon moi, c’est du meilleur Poulenc, cela fait partie de ses chefs-d’œuvre, même si l’accouchement de cette œuvre a été très difficile. Elle est rangée à tort en « deuxième division » des sonates du XX e siècle, alors qu’elle est extraordinairement originale, singulière, âpre, rude mais en même temps très poétique, d’une écriture très imaginative dans le paysage musical de cette époque. Poulenc a écrit nombre de partitions pour les instruments à vent avec lesquels il se sentait très à l’aise, ce qui n’est pas le cas des cordes frottées, malgré le soutien de la grande violoniste Ginette Neveu pour cette Sonate… David Grimal : Il ne va pas dans le sens du violon, dans cette œuvre violente, parfois gauche. Certaines mesures ne sonnent pas naturellement sur l’instrument. Ce n’est donc pas une œuvre confortable du point de vue « petit bourgeois », si on compare avec la Sonate de César Franck ou à celles de Fauré. Je trouve que cette œuvre de Poulenc descend plutôt de la Sonate à Kreutzer de Beethoven, avec une tension, un combat entre les instruments. J’ai récemment réécouté des enregistrements de Ginette Neveu dans lesquels j’ai trouvé une sorte de droiture, une honnêteté et une intensité qui cadrent parfaitement avec cette sonate. Poulenc a mis la barre haut, et à mon avis, il a réussi.
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