LDV113-4

45 MICHEL BOUVARD Le plan du génial organier pour l’orgue de Saint-Sernin n’a pas été une création ex nihilo, mais une reconstruction à partir des anciens instruments qui s’étaient succédé dans la basilique. D’abord celui de Delaunay (1672), dont il subsiste des parties du buffet, et surtout celui de Daublaine-Callinet-Barker (1845) : près de la moitié de ses jeux, ainsi qu’une machine pneumatique de Barker lui-même, ont été réutilisés par Cavaillé-Coll, modifiés et réharmonisés comme il se doit pour être adaptés à la nouvelle esthétique sonore, dite symphonique. Cette nouvelle conception comprenait encore des jeux de l’orgue classique permettant les mélanges séculaires français bien identifiés (Fond d’orgue, Grand Plein-jeu en 16 pieds, Grand-jeu d’anches et cornets), mais ces jeux sont ici conçus et harmonisés pour s’intégrer dans un grand Tutti symphonique, à l’image de l’orchestre de Berlioz, avec ses immenses pupitres de « cordes » (à l’orgue : multiplication des gambes et autres fonds de 8 pieds, soutenus par les violoncelles et contrebasses), de « bois » (flûtes traversières, hautbois, clarinettes, bassons…), de « cuivres » (trompettes et clairons harmoniques, bombardes rehaussées des cornets), et de « percussions » (mixtures, carillons, etc.). Ajoutez un zeste de couleurs typiquement organistiques (voix célestes et autres ondulants, voix humaines romantisées) et bien sûr quelques 32 pieds pour « la profondeur mystique », et vous obtenez (sur le papier !) l’orgue de Saint-Sernin.

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