LDV113-4

17 MICHEL BOUVARD Parlez-nous de l’enregistrement à Saint-Sernin… Sur le plan émotionnel, il est difficile d’enregistrer cette musique, tant la réussite d’un tel discours est liée à l’inspiration ! Même pour un disque vous jouez quand même « pour quelqu’un », preneur de son, assistants, directeur artistique, alors on est très ému à la première prise. La seconde prise consiste à retrouver le sens de ce que vous avez fait dans un premier élan, si possible en « mieux ». Mais plus on s’applique, plus l’on gagne dans le meilleur des cas en qualité de finition ce que l’on perd, un peu, en spontanéité. Un musicien est aussi un acteur. Il doit trouver un jeu naturel, vous faire oublier le texte au profit du sens, il vous convie à un voyage dans un univers où il a tenté de rejoindre le compositeur. Il y a de multiples façons de jouer une phrase musicale de Franck. Dire qu’une interprétation gravée à un instant précis est définitive me paraît illusoire. Bien que je joue sa musique depuis quarante ans, que je l’ai longtemps enseignée, je ne souhaite pas qu’elle apparaisse, ici, comme figée. Mon vœu le plus cher est que ce disque s’écoute en fait comme un concert.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx