LDV102
5 XAVIER PHILLIPS, CÉDRIC TIBERGHIEN Comment avez-vous travaillé ensemble ce programme ? Cédric Tiberghien : Nous l’avons surtout joué. Cela n’a pas été un travail de répétition comme les autres. Certes, il y a eu des mises en place dans certaines parties délicates de contrepoint. Mais nous avons éprouvé le besoin de jouer et jouer encore, pour sentir le flux musical, le bon tempo qui s’est imposé progressivement, qui a parfois évolué. …et chacun de votre côté ? Xavier Phillips : J’aborde la musique la plupart du temps de façon instinctive. Mstislav Rostropovitch m’avait sensibilisé à l’importance des carrures, de la structure. Je m’y suis intéressé mais sans vouloir trop entrer profondément dans les détails. J’ai abordé Fauré ainsi, un peu comme on survole en avion un paysage, sans me poser aucune question sur ses étrangetés harmoniques, sans disséquer sa musique. La musique de Fauré est très charnelle, même dans ses moments les plus complexes harmoniquement. La rigidité de la construction, l’arithmétique, il les ignore. Certains compositeurs sont davantage sur ce versant-là et il est alors indispensable de décortiquer, d’analyser leur musique pour la comprendre. Chez Fauré, il n’y a rien à comprendre. Il est vrai qu’en ma qualité de violoncelliste, je prête ma plus grande attention à la ligne mélodique. Évidemment pour le pianiste, la question est plus complexe.
RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx