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13 XAVIER PHILLIPS, CÉDRIC TIBERGHIEN Cette surdité est un point commun à Fauré et Beethoven. Quel impact a-t-elle eu sur lui, sa création, ces dernières œuvres ? Cédric Tiberghien : Il en a été profondément affecté. On trouve dans sa musique tardive, certaines barcarolles, certains nocturnes, les mouvements lents des deux sonates… un versant sombre, dramatique. Les tonalités mineures, notamment le Ré mineur, y sont récurrentes. Je pense que sa surdité l’a isolé du monde, lui imposant un repli sur son univers intérieur. Cela a préservé l’intégrité de son langage si personnel, à l’écart des influences, des courants et des évolutions de son temps. Toute sa longue vie, il n’a jamais dévié de sa forme de pensée musicale, quoi qu’il advienne autour de lui. Xavier Phillips : Les musiciens de son époque, Debussy, Ravel, ont été très attirés par le jazz, les influences américaines, la musique arabo-andalouse...Lui, pas du tout ! Il est resté sur sa ligne, imperturbablement, jusqu’à l’obstination. On peut certes rattacher cela à sa surdité, mais pas seulement. Cela révèle un trait de caractère qui lui est propre. Dénuée de la moindre influence germanique, sa musique s’affirme résolument française, bien qu’il n’ait pas été cocardier comme le fut Debussy !
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