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12 FAURÉ ∙ L’ŒUVRE POUR VIOLONCELLE ET PIANO Les sonates renouent-elles avec une écriture classique ? Xavier Phillips : Oui si l’on considère le caractère romantique des œuvres des premières années. Leur classicisme s’accompagne d’une grande concision, qui frôle l’aridité. L’écriture s’est épurée. On y trouve toujours cette propension à développer le discours, en même temps tout y est extrêmement précis, ce qui peut sembler paradoxal. Dans une correspondance, Fauré écrit peu de temps avant de composer sa Deuxième Sonate : « C’est bien embêtant d’être vieux ! Quand j’aurai repris mon travail, je m’en apercevrai moins ». Ses dernières œuvres composées en très peu d’années constituent un extraordinaire bouquet final, d’une fraîcheur et d’une verdeur étonnantes… Cédric Tiberghien : Elles ont cette énergie non altérée par l’âge. Le trait y est vif. La mélodie devient d’une fermeté incroyable. Tout y est très dense, concentré. Fauré opère une forme de réduction de son écriture à l’essentiel. Mais je ne pense pas qu’il veuille retourner à proprement parler à la jeunesse, qu’il veuille dérisoirement s’y accrocher dans un sentiment de nostalgie. Cette ultime période de sa vie créatrice correspond à une forme d’accomplissement glorieux, d’épanouissement de tout ce qui a précédé. Délivré de ses fonctions si absorbantes de directeur du Conservatoire de Paris assumées jusqu’à soixante-quinze ans, sa musique prend un essor nouveau, cela malgré sa surdité.
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