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10 FAURÉ ∙ L’ŒUVRE POUR VIOLONCELLE ET PIANO Fauré a composé ses premières pièces pour violoncelle, l’ Élégie , la Berceuse …, alors qu’il fréquentait les salons bourgeois et cultivés de la fin du dix-neuvième siècle. Jacques Bonnaure 2 écrit à leur propos, de façon un peu provocatrice : « à ne connaître que ces morceaux on croirait que Fauré est un fabricant de sucreries ». Souscrivez-vous à cela ? Xavier Phillips : À cette époque, Fauré écrit aussi beaucoup de romances. Il se montre alors volontairement romantique au sens sentimental du terme. Il s’est fait connaître ainsi, concédant au caractère volontiers sucré de la Berceuse … À ignorer le reste de sa production, on pourrait effectivement penser que sa musique appartient toute entière à cet univers. Mais Fauré est un artisan. Il fait au départ ce que l’on attend de lui, pour se donner les moyens plus tard de s’exprimer plus librement et véritablement personnellement. Il n’empêche que cette musique de salon demeure authentique et d’un grand raffinement : comment ne pas s’émouvoir de l’ Élégie , comment ne pas fondre pour la Berceuse qui est d’une telle délicatesse et d’une infinie tendresse ?

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