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12 MAHLER ∙ SCHOENBERG / JUGENDSTIL Les derniers rayons de soleil embrasent la petite rivière Schwarza. La femme est immobile sur la berge et son regard se perd dans les eaux claires. Elle semble suspendue hors du temps. Et pourtant le temps passera, comme coule l’onde, et elle guérira. Elle s’accroche à cette pensée. En quittant Vienne en cette fin d’été étouffante, elle espère que ses dernières illusions se dissiperont dans les miasmes de la ville trop chaude. Il y a si peu, elle était fiancée et heureuse, et elle s’imaginait un avenir où tous les jours une main tiendrait la sienne. Mais il n’en sera rien. Abandonnée, répudiée, elle n’est plus personne et elle souhaiterait ne plus exister. Les façades viennoises semblaient toutes ricaner et la contempler avec condescendance lors de son départ. Elle hait Vienne autant qu’elle l’aime. « Que l’existence m’est insupportable, chaque seconde est un poignard que ma mémoire enfonce en mon sein ! J’ai tant rêvé de ce doux visage, de cette voix toujours juste, de ces regards qui me rendaient belle… Que m’importe de vivre désormais, si c’est sans lui. La pitié a dicté à mon frère de m’emmener en villégiature, et je lui en veux de voir si profondément en moi, et de percevoir ma faiblesse. Croit-il que loin de Vienne, je cesserai de penser aux soirées où l’amour brillait plus que les étoiles ? Croit-il que cet homme qu’il a emmené avec nous pourra me distraire de ma peine, me faire oublier ma douleur ? » ... Schoenberg Payerbach, septembre 1899
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