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6 DEBUSSY_12 ÉTUDES • LE MARTYRE DE SAINT SÉBASTIEN Peut-on parler au sujet de ces Études d’un épurement du « sensualisme » debussyste, glissant peu à peu vers une forme d’abstraction ? Il y a de toute évidence dans les Études un épurement du « sensualisme » et de « l’impressionnisme » (terme que Debussy, du reste, récusait vigoureusement). À ce propos, il me semble qu’une réflexion sur la question des titres est intéressante. Jusqu’à Pour le piano inclus (à l’exception du célébrissime Clair de lune ) les œuvres pour piano de Debussy portent des titres traditionnels de formes classiques, de danses, ou inspirés de Chopin. À partir des Estampes , nous entrons dans la période des titres évocateurs et poétiques qui libèrent Debussy de toutes les entraves et lui permettent de donner vie à un univers musical totalement neuf, dans lequel la primauté du son sur la note, la spatialisation des timbres et une conception nouvelle du temps musical sont d’une modernité étonnante. C’est une période caractérisée par une somptuosité et une sensualité sonores extraordinaires. Dans les Préludes , Debussy choisit de placer les titres à la fin de chaque pièce, entre parenthèses et précédés de trois petits points, comme si leur propos était plus allusif que descriptif, et comme s’il souhaitait déjà prendre du recul par rapport au prétexte littéraire. C’est d’ailleurs dans les Préludes que Debussy introduit une dose d’humour et une ironie acide, propices à des trouvailles rythmiques et des ruptures qui trouveront leur plein épanouissement dans les Études.
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