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PHILIPPE BIANCONI 5 Vous aviez enregistré en 2012 les deux cahiers des Préludes de Debussy ; vous semble-t-il naturel d’aborder aujourd’hui les 12 Études , qui forment le point ultime de sonœuvre pour piano ? Pensez-vous qu’elles s’inscrivent pour Debussy dans une sorte de continuité ? Quelle évolution traduisent- elles selon vous ? Philippe Bianconi : En effet, après un disque consacré à la première maturité de Debussy ( Estampes, Images …), puis l’enregistrement des Préludes , l’étape suivante était nécessairement pour moi les Études , que je considère comme son suprême chef-d’œuvre pour piano. Si j’ai tardé à me lancer dans cette aventure, c’est que la fascination qu’elles m’inspirent depuis toujours était largement tempérée par la terreur que j’éprouvais devant leur difficulté ! Selon moi, on peut considérer que l’ensemble de l’œuvre pour piano de Debussy – dont la fabuleuse évolution du langage en une trentaine d’années est une source d’émerveillement – s’inscrit dans une forme de continuité, à l’exception notable des Estampes qui introduisent une véritable rupture. Certains préludes contiennent déjà en germe nombre de fulgurances des Études , sans parler des Tierces alternées qui sont une étude avant la lettre, et même beaucoup plus stricte… Cependant les Études vont si loin dans l’expérimentation rythmique, sonore, formelle et structurelle qu’on peut certes les voir comme l’aboutissement d’une démarche créatrice, mais probablement plus encore comme une porte ouverte sur l’avenir. Il me semble que Debussy ne tourne jamais le dos à ses conquêtes musicales, qui viennent en permanence enrichir son langage, mais ouvre sans cesse de nouvelles portes, jusqu’à la foudroyante radicalité des Études .

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