LDV200

ANDRÉ ISOIR 13 Au-delà de cette intuition poétique, c’est bien l’un des immenses défis du cantor à la raison et au temps que l’instrument, ici placé au service de L’Art de la fugue , traduit dans ses dimensions les plus absolues. Car l’œuvre en son état, face à l’absence de destination explicite, trouve à s’incarner dans l’orgue une sorte d’évidence que rien ne vient contredire : l’adéquation de l’écriture au clavier, la présence auxiliaire de la pédale, la diversité des timbres et la permanence du son, favorisent une véritable représentation de la musique en une mise en scène propre à caractériser toutes les intentions, comme à démêler les lacis harmoniques les plus complexes. Chaque contrepoint condense ainsi une intrigue où le sujet, en gloire oumasqué, identifié par sa couleur, renvoyé dans l’ombre puis extirpé du lointain, multiplie les entrées dans un décor tapissé de glaces reflétant ses doubles et ses contraires.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx