LDV176.8

5 ANDRÉ ISOIR « Les effluves mystiques de l’art de César Franck », que célébrait Charles Tournemire, sont-ils le seul parfumque respire sonœuvre d’orgue ? L’imagerie séraphique vient des élèves même de Franck, qui le canonisèrent pour ainsi dire de son vivant déjà, ou dès après sa mort, par ce surnom : parmi les neuf chœurs des anges, les Séraphins ne sont-ils pas ceux qui s’approchent au plus près de Dieu ? Mais si vraiment Franck, dans l’extase d’une vision béatifique anticipée, n’avait composé que soli Deo gloria , n’eût-il pas consacré lemeilleur de son talent à des œuvres religieuses ? Or, s’il choisit souvent, en particulier pour ses oratorios, des sujets tirés de l’Écriture, il ne consacra pas au genre liturgique une seule de ses œuvres majeures, en particulier pour l’orgue. Sa musique religieuse, on le sait, était la part de sa production qu’il aimait le moins. César Franck est bien, avant tout, jusque et y compris dans son œuvre d’orgue, un compositeur romantique. S’il n’en fallait qu’une preuve, les titres de ses œuvres y suffiraient, car plusieurs ne sont pas neutres : Prière , ce genre tellement en vogue qu’il est, depuis le Mosé de Rossini, un poncif du grand opéra; Fantaisie-idylle , titre primitif de la Fantaisie en La qui, en pleine période de découverte de Wagner, fait se demander si Franck n’a pas livré là son avatar du mythe de Tristan ; Pièce héroïque , autre écho des grands et merveilleux clichés de la musique de genre, depuis l’ Eroica des Études d’exécution transcendante jusqu’à Une vie de héros …

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