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5 JEAN-MARC LUISADA Je ne peux m’empêcher de vous poser cette question provocatrice : pensez-vous que la musique s’impose nécessairement sur la pellicule d’un film ? Ma réponse sera tout aussi provocatrice : plus j’avance en âge, plus je me dis que le cinéma a besoin d’être muet ou plus exactement que l’image est parfois tellement forte que le son en devient superflu. A la Cinémathèque française de Chaillot, je me souviens avoir vu L’Aurore de Murnau, projeté à 19 images par seconde, sans aucun bruit ni accompagnement. Ce film muet de 1927 devenait une véritable… symphonie ! D’où vous vient cet amour pour le cinéma ? C’était l’année de mes treize ans. Je partais en Angleterre faire mes études à l’École Yehudi Menuhin. J’ai vu Mort à Venise de Luchino Visconti qui est aujourd’hui encore pour moi, le plus beau film de tous les temps. Ce chef-d’œuvre m’a tellement marqué qu’il m’a probablement donné l’envie de devenir un musicien professionnel. Je me suis dit que l’on pouvait mourir d’amour et aimer le cinéma à la folie. Curieux bouleversement, à vrai dire, car le film est presque entièrement muet…

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