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Au début de l’entretien, nous avons évoqué votre émotion en découvrant Mort à Venise . J’aimerais que nous concluions avec ce film qui tient une place essentielle dans votre panthéon de cinéphile… En effet. Ce film et certaines séquences en particulier – je songe à la scène lorsque la cantatrice interprète la Berceuse de Moussorgski, extraite des C hants et Danses de la Mort au moment où Gustav von Aschenbach est sur le point de mourir et qu’il contemple la beauté et, pour tout dire la vie qui le quitte – montre à quel point Visconti possédait une connaissance extraordinaire de toutes les expressions artistiques. Sur le grand écran, elles fusionnent en un seul geste. Et puis, il y a, évidemment l’ Adagietto de la Cinquième Symphonie de Mahler. J’ai choisi la transcription ou, devrais-je dire, l’adaptation d’Alexandre Tharaud, artiste si pur et pour lequel j’éprouve une grande admiration ainsi que de la gratitude pour m’avoir permis d’enregistrer sa partition. J’ai essayé de traduire au mieux la dimension symphonique de cette page qui diffracte le temps et j’avoue que sous mes doigts, je ressens, à chaque fois, le poids divinement épais des images. Je revis, alors, cette sorte de confusion des sentiments pour reprendre le titre de la célèbre nouvelle de Stefan Zweig. 17 JEAN-MARC LUISADA

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