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12 AU CINÉMA CE SOIR On retrouve Alain Cuny, époux de Jeanne Moreau dans Les Amants de Louis Malle, film tourné en 1958, deux ans plus tôt que La Dolce Vita … Alain Cuny écoute la musique de Brahms, les variations d’après le Premier Sextuor à cordes – existe-t-il une musique suggérant à ce point, la jeunesse et la virilité ? – en sachant que sa femme va le quitter. C’est irrémédiable. Le caractère obsessionnel et inexorable du mouvement et donc du temps est une constante dans tous ces grands films et bien évidemment dans Rendez-vous à Bray d’André Delvaux. Une pendule rythme les heures. Le scénario s’inspire d’une nouvelle de Julien Gracq, Le Roi Cophetua . J’avoue que le style du texte m’a surpris par sa lourdeur. Voilà bien un problème entre le cinéma et la littérature : un scénario n’est pas de la littérature. Je suis d’autant plus heureux de jouer ces Intermezzi op.117 que c’est la première fois que j’enregistre du Brahms. La musique colle aux personnages et même aux objets. Elle envahit un monde sensuel, secret et ambigu. Cette musique est celle de l’inconscient. Tout comme l’ Élégie de Richard Wagner du film Ludwig – Le Crépuscule des dieux de Visconti. Certes, nous sommes dans un autre univers, mais l’épure du langage – qui existe à l’évidence dans les derniers opus de Brahms, ceux qu’il nommait ses berceuses de ma douleur – stupéfie dans la partition. Oubliée durant des décennies, la courte pièce annonce Tristan et Isolde . J’y vois la sobriété et la lente beauté du jeu de Romy Schneider face à l’enfermement sans espoir de Louis II de Bavière incarné par Helmut Berger.
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